Elle claqua la porte et appuya son dos contre la surface lisse et froide. Elle fut soudainement prise d'une sensation de déjà vu. Bilan de la journée ? ... catastrophe, décréta-t-elle. Pour rien au monde elle ne se laisserait embarquer dans une aventure pareille.

Un léger bruit de respiration parvint à ses oreilles, et elle se remémora un détail d'une importance capitale : Arthur. Les contraintes l'accompagnaient jusque sur le seuil de son appartement...

Elle s'écarta de la porte, fit quelques pas en direction du coin salon, et trouva son cousin assoupi sur le canapé. Sa position avait l'air très inconfortable, et l'expression peinte sur son visage endormi semblait valider cette théorie.

« Je te l'avais dit. » pensa-t-elle. Elle eut a peine le temps de se demander pourquoi diable n'avait-il pas pris la peine de se servir du sac de couchage qu'un couinement strident retentit aussitôt dans toute la pièce.

Déconcertée, elle baissa hâtivement la tête en direction de la source du bruit et constata qu'elle venait d'écraser l'un des jouets de Pouce, son chat, dissimulé dans la pénombre. Une sensation de tristesse l'envahit. Pauvre Pouce... 

Lorsqu'elle redressa la tête, elle fut prise d'un nouveau sursaut, plus subtil cette fois-ci ; bien qu'il n'ait absolument pas bougé, Arthur avait désormais les yeux ouverts.

« Hey Tash' ... Gronda-t-il d'une voix rauque et endormie.

- Hum ... hey. Répondit-elle d'une voix vacillante, ne sachant pas si elle devait chuchoter ou parler normalement. Je ... Je suis désolée d'avoir voulu que tu dormes par terre... c'était pas très... accueillant de ma part donc ... hum ... Fais comme chez toi. Enfin, c'est... Déjà le cas mais...

- Oh ... non ... c'est ... »

Il peina à se redresser puis, une fois en position assise, il s'empressa d'étirer son dos. Un sinistre craquement se fit entendre.

« T'as totalement raison... ce canapé est un cauchemar, j'aurais largement préféré dormir recroquevillé sous l'évier. » Déclara-t-il, le sourire aux lèvres.

Tasha n'était pas sûre de bien comprendre.

« Mais ... dans ce cas, pourquoi est-ce que tu n'as pas... » Commença-t-elle en désignant la fenêtre, où elle avait improvisé un nid-douillet, certes pour le moins précaire, mais qu'elle estimait bien plus confortable que le minuscule placard humide situé sous le lavabo de la salle de bain dont son cousin disait rêver.

Arthur comprit soudainement de quoi elle voulait parler.

« Oh ! La place était déjà prise ! S'exclama-t-il en riant. J'ai peut-être l'air d'un gros dur mais... »

Tandis qu'il finissait sa phrase, Tasha effectua quelques pas en direction de la fenêtre et découvrit avec un mélange de soulagement et d'horreur, la silhouette chétive et pelucheuse d'un chaton, assoupi sur le duvet.

« ... je n'ai pas eu le cœur à déloger ta boule de poils ! »

« Oh Pouce !! Mon dieu tu es là ! S'écria-t-elle tandis qu'un immense poids se soulevait de sa poitrine.

- Apparemment il s'était caché sous ton lit après mon arrivée. Et il était bien trop flippé pour oser se mettre à découvert et courir jusqu'à la porte. »

Les exclamations plaintives de sa maîtresse réveillèrent le matou qui, en voyant Arthur s'approcher, s'empressa de détaler en direction de la cuisine. Lorsqu'elle se retourna vers son cousin, l'euphorie de Tasha s'était changée en colère.

« J'hallucine ! Je croyais qu'il était sorti de l'immeuble ! Est-ce que t'as une idée de tout ce qui s'est produit là, dehors, juste parce que j'étais persuadée de ne plus jamais le revoir !? Au meilleur des cas je m'attendais à le retrouver en purée au bord d'une route !! Pourquoi tu m'as pas appelée ?! »

En réponse, il haussa les sourcils et désigna du doigt un coin de la cuisine. En suivant son regard, Tasha put apercevoir son téléphone, tranquillement posé sur un comptoir, exactement à l'endroit où elle l'avait laissé après sa conversation avec sa mère, juste avant de lui ouvrir la porte. Dépitée et exténuée, elle se laissa tomber sur le sac de couchage et resta là un moment, à contempler l'absurdité de son existence et l'insignifiance de son rôle dans l'univers.

Elle ne sortit de son hébétude que lorsque le visage d'Arthur apparut de nouveau dans son champ de vision.

« Maintenant qu'on a réglé l'affaire Mistigri, il serait peut-être temps de me laisser seul à seul avec mon sac de couchage, non ? A moins que ce soit un moyen indirect de me dire que tu m'autorises à t'emprunter ton lit... »

Ceci était le chapitre le plus fcktuplement long que j'ai jamais pondu (9 pages... NEUF. PAGES.). Et si vous voulez rire, le pire dans l'histoire c'est qu'à partir de la disparition du chat mon scénario était à la base un gros vide intersidéral. Je n'avais aucune mais AUCUNE idée de quoi faire ensuite : carte blanche monumentale (du moins pour les événements de ce chapitre, il y a quand même une intrigue à suivre dans le scénario global et j'ai tâché de relier tout ce qui s'est passé ici avec mon intrigue de base, rassurez-vous ^.^). Tout le reste a été improvisé sur un coup de tête, et vu l'ampleur que ça a pris, je suis loin de douter du fait que ce soit sur le point d'influencer touuut le reste du scénario.

Dans un sens c'est pas plus mal, ça me permet de complexifier les choses, de leur donner de la profondeur. Mais damn, c'était violent ! De plus, j'ai adopté une manière de faire les choses qui m'est complètement nouvelle... ce chapitre est très long et majoritairement composé de temps morts ou de scènes d'attente, le tout pratiquement sans aucune ellipse (d'ailleurs j'aurais pu vous coller un bon millier de cliffhangers si j'avais pas tant eu envie de détailler la soirée de Tasha jusqu'à sa toute fin, à savoir jusqu'à son retour à l'appartement). Trouver un bon équilibre dans la narration m'a pris énormément de temps, et au final, même sans être sûre que ce soit totalement réussi, je dois avouer que je suis assez contente de moi ^.^. J'espère sincèrement que vous l'êtes aussi. Pour vous remercier d'avoir subi mes élans improvisatoires voici des bonus de chapitre : toutes les images qui témoignent de mon talent en la matière de faire pause au bon moment sans le vouloir *sort*. Je pense qu'à partir de maintenant, ça deviendra récurrent en fin de chapitre.

Merci de me lire ♥

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